Thèse soutenue

Qu'appelle-t-on peindre ?

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Auteur / Autrice : Jean Marois
Direction : Costin Miereanú
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Art et archéologie
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 1

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse-installation indique le lieu d'où il faut regarder mon travail de peintre. Le premier chapitre, qui a pour titre la rumeur publique, établit un parallèle entre le discours de l'art et la crise des valeurs occidentales. L'objectif consistait à installer mon propos au milieu de fragments textuels disparates afin de reproduire l'environnement intellectuel au contour flou qui caractérise l'espace théorique propre à la rumeur publique actuelle. Cette mise en scène de pratiques discursives présentes sous la forme d'un ready made textuel avait pour but d'extraire des questions fondamentales du labyrinthe formel qui les incarne et les ordonne dans le langage. La rumeur publique témoigne non seulement de la confusion qui découle de la prolifération des discours spéculatifs sur l'art, mais révèle surtout ce que l'analyse s'interdit de penser lorsqu'elle arrive aux frontières de la réflexivité. Penser atteint sa limite opérationnelle quand les conditions d'énonciation du langage vrai manifestent des failles. Mon travail ici aura consisté à affirmer, doublement avec Deleuze, que le sens n'est pas représentable mais réalisable. Dans une réflexion théorique élaborée sur un mode performatif, j'ai tenté de jeter un pont entre ma propre pratique picturale et des problématiques qu'elle recoupe, telles que les tensions qui caractérisent les rapports entre le créatif et le discursif, la pensée qui s'émancipe de son objet et la représentation du monde lorsqu'on arrive aux frontières de la réflexivité. L'exercice consistait à ouvrir de nouvelles avenues de réflexion en proposant une réévaluation de l'acte cognitif et de l'expérience critique en soi. Il ne s'agissait pas de réintroniser la sensibilité qu'il faudrait réhabiliter après les excès théoriques des dernières décennies. C'est plutôt une nouvelle évaluation du sensible, du théorique et du politique qu'on souhaite voir s'édifier, soit une nouvelle manière d'être affecté.