Thèse soutenue

L'écriture des dieux et la parole des morts : modalités de la relation spirituelle dans les religions afro-cubaines

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Auteur / Autrice : Erwan Dianteill
Direction : Carmen Bernand
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ethnologie
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Paris 10

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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A partir d'une définition opératoire de la religion comme "relation avec les esprits", l'auteur propose une analyse sociologique des religions afro-cubaines à la Havane (le spiritisme, le palo monte, la santeria et le culte d'ifa) qui met l'accent sur leurs différences et leurs complémentarités, puis il montre les implications de l'écriture sur certaines d'entre elles. La première partie est consacrée à une mise en perspective historique des travaux scientifiques portant sur ces religions depuis le début du XXe siecle. De tendance ethno-criminologique au début du siècle, l'anthropologie des religions afro-cubaines a gagné en scientificité jusqu'aux années 1950, à mesure qu'elle se libérait de l'ethnocentrisme. La période socialiste présente un bilan contraste. Au début des années 1960 et depuis la fin des années 1980, des travaux de valeur ont été réalisés, mais le nationalisme et le marxisme ont fréquemment entravé la recherche scientifique sur les religions. Dans la deuxième partie, l'auteur dessine une carte de l'espace religieux afro-cubain, à partir de son travail de terrain à La Havane entre 1993 et 1996. Initié dans la santéria et le culte d'ifa, il fait apparaître que la différence sexuelle et la différence entre morts et dieux organisent les rapports entre religions afro-cubaines. Il étudie précisément pourquoi la santéria est feminisée, en montrant que le rapport aux dieux est polyvalent, et que le santéro doit assumer à certains moments rituels le statut d'épouse du dieu. La notion de personne dans la santéria et le culte d'ifa est analysée en faisant apparaître les rapports entre dieux et parties du corps humain. La troisième partie est consacrée à la tradition écrite dans les religions considérées. Il apparaît d'abord que les documents en circulation dans la communauté des pratiquants appartiennent majoritairement à la santeria et surtout au culte d'ifa, et que les premiers documents écrits datent du début du XIXe siècle. Au XXe siecle, les rédacteurs de manuels utilisent des techniques d'impression plus efficaces et utilisent des sources d'anthropologie africaine. Enfin, l'auteur expose les implications de l'écriture sur la transmission diachronique et synchronique des informations religieuses, et sur leur mise en forme (listes, inventaires, tableaux).