Thèse soutenue

Canetti, lecteur de Cervantès, Gogol, Stendhal : formes de l'intertextualité dans l'oeuvre romanesque et autobiographique d'Elias Canetti

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Auteur / Autrice : Christine Meyer
Direction : Gerald Stieg
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études germaniques
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Paris 3

Résumé

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La relation auto-da-fe/don quichotte se fonde sur un triple rappel : l'aspect du heros, son obsession livresque et l'"aveuglement" a la fois comique et tragique qui en resulte. Mais kien a d'autres points communs avec le chevalier (age, sexe, temperament). Le meme parallelisme se retrouve chez les personnages secondaires (therese/dulcinee, fischerle/sancho) et au niveau pragmatique ("sortie", mission chevaleresque, mystification, delire). Les concordances sont trop massives pour qu'on puisse ne voir dans auto-da-fe qu'une variation du topos lire/delire (cf. Antiroman) : on a affaire a une aggravation directe du quichotte, operation aux enjeux semantiques et poetologiques considerables. L'empreinte de gogol concerne moins les structures textuelles d'auto-da-fe que l'appareil symbolique ("mythe") qui fonde la "comedie humaine de la folie". L'univers gogolien souffre d'une inconsistance pathologique et d'un rapport perverti a la mort. La conjonction argent/survie/puissance, au premier plan des ames mortes, prefigure la "realite de l'avenir". La devaluation de l'humain, qui etait chez gogol une metaphore caricaturale, s'est concretisee. Canetti reprend les grands themes balzaciens (million mythique, crime cache, passions) et leur imprime la marque de l'irrealite gogolienne. Malgre des divergences formelles de taille, l'histoire d'une vie deploie une "mythologie personnelle" proche de celle du brulard. Le role de l'histoire est rendu sous forme romanesque et subjective : il s'agit d'en montrer l'effet sur l'individu. Subjectivite aussi dans la division de l'univers familial en "bons" et en "mechants" et dans le systeme des modeles et contre-modeles. Ce manicheisme releve d'une ideologie qui commande d'assumer jusqu'au bout son passe. Ni confession ni reglement de comptes, l'autobiographie ne vise qu'a mettre a jour le noyau dur de la personnalite : projet faussement retrograde, car typiquement "egotiste" et sans illusion d'emancipation et d'autocreation.