Thèse soutenue

Ecriture de la perversion dans l'œuvre de Ian McEwan

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Auteur / Autrice : Richard Pedot
Direction : Jean-Jacques Lecercle
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études anglaises
Date : Soutenance en 1996
Etablissement(s) : Paris 10

Résumé

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Par le choix de ses sujets, la fiction de ian mcewan constitue un piege pour l'interpretation. L'erreur serait de pretendre en circonscrire le scandale en l'abordant sous l'angle exclusif d'une thematique de la perversion qui manquerait la litterarite de l'oeuvre et sa force, qui provient de la tension entre maitrise de l'ecriture et immoralite ou chaos du contenu. L'analyse doit donc etre attentive aux rapports differentiels qui existent entre perversion et fiction afin de montrer comment elles se conjuguent et s'excluent tout a la fois, chacune eclairant l'autre. Elles peuvent etre mises en parallele sur trois points. En premier lieu, toutes deux deconstruisent la realite dont elles montrent qu'elle est un systeme de codes. Par voie de consequence, on y decouvre un savoir qui n'est pas constatif ou theorique, mais figural, dans la mesure ou il permet d'entrevoir le reel - ce qui est unique, non representable par excellence - dans le baillement, les rates de la representation. Enfin, texte et perversion, par leur mise en jeu des oppositions fondamentales de notre horizon conceptuel, suspendent tout jugement categorique, qui ne ferait qu'appliquer methodiquement les regles etablies. Le privilege de la litterature tient dans le pouvoir qu'a l'imagination de renouer avec les questions urgentes posees par la perversion a nos modes de representation de l'experience humaine et de les remettre en jeu, evitant ainsi qu'elles ne retombent dans le delire clinique. L'humour noir qui en resulte est le signe d'une morale qui en appelle a une forme de jugement capable d'apprecier et les faits et les regles qui s'y appliquent. A terme, l'oeuvre de ian mcewan s'avere une longue interrogation sur le pouvoir, sous toutes ses formes, et sa perversion. C'est par ce biais et par sa mefiance envers les reponses categoriques qu'elle appartient a la litterature postmoderne.