Thèse soutenue

De l'audition à l'intellection : naissance et développement de aïsthanomaï et de sa famille de l'époque archaïque à la fin du Vème siècle

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Auteur / Autrice : Isabelle Boehm
Direction : Jacques Jouanna
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études grecques
Date : Soutenance en 1996
Etablissement(s) : Paris 4

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Parmi les termes désignant les opérations sensorielles, aisthanomai se distingue par son sens, sa formation et son histoire. Signifiant "percevoir" par un ou plusieurs sens, mais aussi "se rendre compte" et formé à partir de aio, "écouter", utilisé dans les textes archaïques, il n'apparait qu'à l'époque classique. L'étude comparée de aio et des autres termes désignant l'audition (akouo et kluo) chez Homère, Hésiode et Pindare montre que l'audition est envisagée par rapport à la réaction provoquée chez l'auditeur. Encore utilisé comme archaïsme dans les parties lyriques de tragédies au Vème siècle, aio s'applique en particulier à l'audition dans le noir, où l'esprit identifie ce qu'il ne voit pas. Aisthanomai peut avoir exactement le même sens. Mais la majorité de ses emplois, dès la première attestation (catalogue des femmes) correspond à une prise de conscience, à partir des sens, l'audition surtout. Les éléments constitutifs du verbe (*h2ew-, "audition" et ou "vision"-sanskrit avis-, à rapprocher de *weid-, "vision" "connaissance", *-dh associé à l'infixe nasal, et les désinences moyennes) sont caractéristiques des verbes de perception et d'intellection. Aisthanomai, qui se développe donc au Vème siècle à partir de l'audition, instrument de la connaissance, est représentatif de la pensée grecque: intellection et perception ne forment qu'un.