Thèse soutenue

La fin des violences paysannes : les transformations à l'oeuvre dans les mobilisations d'agriculteurs sous la Vème République

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Auteur / Autrice : Nathalie Duclos
Direction : Philippe Braud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance en 1996
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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Ce travail défend la thèse d'une modération tendancielle des protestations paysannes ces dernières décennies. Deux modèles théoriques en constituent la trame : celui de Gurr, dit de la privation relative, et celui de la mobilisation des ressources (Oberschall notamment). Les théories concernant la violence politique permettaient de saisir les effets paradoxaux de la modernisation agricole d'après-guerre, dont l'échec a induit des desillusions extrêmement importantes. Les frustrations que cela a engendré sont, de manière déterminante, au fondement de la violence paysanne. Par la suite, les situations de privation relative ne seront plus jamais si intenses. Parallèlement, les argumentations en faveur du recours à la violence se sont étiolées. Les conflits retenus comme modèles historiques de lutte sont de moins en moins durs. Les traditions de combat invoquées pour le présent étant désormais d'une intensité moindre que celles mobilisées les générations précédentes, les agriculteurs ne s'autorisent plus autant l'usage de méthodes après. Par ailleurs, les opportunités politiques ne sauraient être aussi grandes dorénavant, en raison de la croissance des désapprobations internes et externes de la violence. Cela joue d'autant plus que les transformations socio-culturelles des agriculteurs les rendent moins enclins à s'exprimer violemment. Leur identité ne se construisant plus aussi fortement dans l'hostilité vis-à-vis du hors-groupe (la ville, l'état), ils ne sauraient s'y opposer avec la même virulence que dans les années 1960. Soulignons enfin que les dirigeants syndicaux, préoccupés par l'image extérieure du monde paysan, s'efforcent d'exercer un contrôle extrêmement puissant sur leur base, notamment à l'occasion des manifestations nationales. En outre, ils élaborent désormais des stratégies de communication qui, tendanciellement, conduisent à dévaloriser les mobilisations de masse au profit des opérations de séduction.