Nomination des espaces et topologie fictive au burundi
Auteur / Autrice : | Joseph Bigirumwami |
Direction : | Robert Gauthier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du langage |
Date : | Soutenance en 1995 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Dans une societe orale africaine, le burundi, la nomination des lieux participe a la proferation de differents textes oraux. Integrant les approches reductrices classiques dans une perspective interdisciplinaire, cette reflexion veut montrer que les toponymes, et les noms propres en general, ne sont pas des composants elementaires du langage : ni des unites lexicales, ni des etiquettes d'identification, ni des formes fossiles, ni des designateurs vides. En tirant profit des convergences de plusieurs disciplines scientifiques (ethnologie, geographie, histoire, psycho-sociologie) avec la linguistique, cette approche, a la fois ethnolinguistique et pragmatique, rend compte de la ''pertinence communicationnelle'' des toponymes. Les noms de lieux apparaissent comme des microtextes autonomes qui, cognitivement pertinents pour les usagers habituels, participent a la construction sociale de la realite. Leur interpretation ethnopragmatique par les locuteurs est analysable en trois niveaux : referentiel (lien avec le lieu nomme), morphosyntaxique (indices lexicaux et grammaticaux), textuel (formes de la textualite dans la communaute linguistique). Le fonctionnement du systeme toponymique participe a une ''une topologie fictive'', structuree par les contenus ''categoriels'' et ''caracterisants'' des noms geographiques. Les categories toponymiques guident le decoupage de l'espace en unites geographiques culturellement definies : les ''assiettes toponymiques'' et les ''choremes''. La caracterisation toponymique des espaces est portee par la composante lexicale et par divers axes semantiques des toponymes. Associee a l'implicitation, la nomination des lieux institue, dans l'heterogeneite discursive, une ''communication toponymique'' entre les locuteurs, et elle constitue un ''facteur toponymique'' de la dynamique actuelle des societes africaines.