Thèse soutenue

Erudition et combat antireligieux au 17ème siècle : le cas du Theophrastus Redivivus

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Auteur / Autrice : Hélène Bah-Ostrowiecki
Direction : Jacques Prévot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 1995
Etablissement(s) : Paris 10

Mots clés

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Résumé

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Date de mille six cent cinquante-neuf et reste anonyme, le Theophrastus Redivivus est un volumineux ouvrage antireligieux, construit par réutilisation de la culture philosophique traditionnelle (tradition gréco-latine et renaissance essentiellement); il est composé de six traites, respectivement consacres à prouver l'inexistence des dieux, l'éternité du monde, la nature exclusivement politique de la religion, la mortalité de l'âme et l'inexistence de l'au-delà, la nécessité de mépriser la mort, puis de vivre selon la nature pour trouver le bonheur et la sagesse. Nous montrons d'abord comment le fonctionnement du texte (articulation et sélection des références érudites, techniques argumentatives diverses. ) Détermine la manière sont ces sujets, courants alors, sont traites. La tension entre un projet doxographique et l'intention polémique de l'ouvrage est notamment essentielle à saisir. La deuxième partie est centrée sur le concept de nature. Omniprésent dans le texte, il est au carrefour des réflexions sur le surnaturel, sur la société, et sur l'homme. En lui se reflètent les grandes positions philosophiques qui structurent l'ouvrage, ainsi que leurs insuffisances, voire leurs contradictions. Ces deux parties aboutissent chacune par une voie différente à la même conclusion : malgré une tonalité parfois violemment antireligieuse, le Theophrastus ne peut être globalement considéré comme un ouvrage purement et simplement athée. D'une part, le dispositif discursif du texte, fonde sur le dialogisme de l'érudition, montre que les positions hétérodoxe es, tout en ruinant les ambitions totalitaires du discours de l'église, sont également fragiles, car soutenues par la même culture et les mêmes techniques de persuasion. D'autre part, la négation des dieux, thématique initiale, n'est que le point de départ d'une réflexion qui, dans ces conséquences anthropologiques, finit par réintroduire la nécessité, pour penser l'homme, d'une altérité, incarnée par la nature; fonctionnellement, elle prend dans les développements éthiques la place précédemment occupée par le divin.