Aspects de journaux intimes français et allemands : Ernst Jünger et le salon de Florence Gould. 1940-44
Auteur / Autrice : | David Boal |
Direction : | Gwenhaël Ponnau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation comparées |
Date : | Soutenance en 1990 |
Etablissement(s) : | Nantes |
Résumé
Les journaux intimes rédigés à Paris pendant l'Occupation reflètent une vie culturelle dynamique et une période sombre de l'histoire européenne. Le journal intime devient à cette période le véhicule privilégié de toute une génération d'écrivains, qui l'ont utilisé comme un moyen de conserver des espaces de liberté face à un totalitarisme qui envahissait le quotidien. Comme leurs prédécesseurs, les diaristes Pepys et Evelyn, ces auteurs utilisent un genre littéraire qui convient à une période tumultueuse les personnages principaux de ces œuvres autodiégétiques ont tendance à échapper au contrôle de leurs auteurs, pour devenir soit des héros emblématiques, soit des monstres qui se retournent contre leurs propres créateurs, les défiant ou même les ridiculisant. L'éclatement du couple auteur-personnage principal témoigne non seulement d'un paradoxe littéraire connu - la tendance de tels personnages principaux à des dérapages textuels - mais il indique aussi qu'un schisme s'est opéré au sein du créateur, constituant ainsi une anticipation de certains ouvrages de l'après-guerre dans lesquels le héros se refuse résolument à se placer dans l'avant-scène que son auteur lui a soigneusement préparée. Le journal intime peut être utilisé comme un instrument anti-totalitaire mais le genre reflètera néanmoins les tensions présentes chez les hommes de talent, qui sont dues à leur impuissance politique.