Une approche du changement social des vallées sidérurgiques lorraines de la Fensch et de l'Orne : tradition industrielle et aspiration sociale et professionnelle des jeunes

An approach to social change in the valleys of the rivers Fensch and Orne, in Lorraine, where industry is based on iron and steel : industrial tradition, social and professional aspirations of the young

• Auteur / Autrice : Gérard Sautré
• Direction : Jean-Daniel Reynaud
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sociologie
• Date : Soutenance en 1986
• Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques

Résumé

La crise sidérurgique est un moment fort du changement social des vallées sidérurgiques mosellanes engendrant des manifestations d'anomie. Dans le cadre du système wendelien, l'imbrication de l'usine et de son environnement est quasi totale. En son sein se construit l'identité collective de l'homme du fer. Retracer le travail d'hier à aujourd'hui, l'évolution du cadre de vie, mesurer l'influence de l'Eglise catholique sur l'ensemble de la vie sociale permet de cerner cette identité. Les crises successives ont privé la population de repères, d'où le désarroi face à cette dérégulation sociale et corollairement, la persistance deTtoute une symbolique sociale (fêtes, mouvements), moments priviligiés d'une prise de conscience de l'existence d'une culture induite par une matrice induustrielle. Elle-même en voie d'extinction. La crise sidérurgique a cassé le mode classique et majoritairement répandu d'insertion professionnelle et sociale mais aussi d'accession à la vie d'adulte. Cela favorise l'émergence d'un sous-prolétariat jeune, accompagné d'une crise profonde de la formation technologique courte et la percée d'une nouvelle élite de jeunes diplômés. On constate par ailleurs que le contexte social en changement facilite l'expression diversifiée d'aspirations, de projets, il s'avère alors que l'aspiration à l'autonomie augmente en même temps que les structures sociales s'affaiblissent. Cela se traduit notamment dans les stratégies de poursuite d'études ou encore la manière dont les filles se démarquent d'un modèle élargissant ainsi leur champ des possibles. A côté de cela, on observe la vitalité de réseaux sociaux tels que les groupes de jeunes ou la famille. Le développement de la microsociabilité des jeunes serait une réponse pertinente pour pallier au vide social environnant. Quant à la famille, elle demeure une référence pour les jeunes, elle ne résiste pas seulement sur le plan des représentations collectives, elle occupe dans le quotidien une plage sociale élargie.